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De la Normandie à la Roumanie en passant par le Liban, San Francisco, l’Irlande ou l’Auvergne, c’est un recueil de rencontres avant tout : un pays se révèle par les êtres croisés, toujours inscrits dans une occupation, un geste, un corps.

Chaque étape fait naître une forme qui lui est propre, offrant au lecteur une expérience immersive. En Roumanie, les poèmes en proses nous font rentrer dans les intérieurs des maisons, dans les quotidiens. À San Francisco, le vers se raccourcit pour aiguiser le portrait d’une ville rythmique aux lignes de fuites océaniques, à l’humanité bigarrée, proche ou inquiétante. Les sonnets de Normandie nous immergent dans la folie gouailleuse du Grand Hôtel, au bord de la grisaille respirante de la mer et du ciel.

Paul Fournel déteste le tourisme. Le voyage pour lui est un lieu de travail, toujours. Le touriste voit ce qu’on lui donne à voir ; le travailleur voit… ce qu’il voit. L’authenticité est essentielle. Sur ces terres étrangères, on ne viendra pas superposer nos fantasmes. Et on n’y verra ni absurde ni réalisme magique. Le voyageur, le poète comme le lecteur, se confrontera au très concret du voyage.

Loin de se positionner en simple témoin ou en observateur neutre, le voyageur appartient tout entier à ce qu’il découvre et décrit. Il est présent avec ses baskets, sa blancheur, sa position sociale, parfois dans un rapport d’adéquation et parfois en décalage. On parlerait peut-être aujourd’hui de discours situé. Mais on peut surtout y voir un désir de lucidité pour soi-même et de sincérité vis-à-vis du lecteur.

Ce livre a été d’abord publié au Mercure de France en 1997, c’était le premier recueil de poèmes de Paul Fournel. « Ce qui m’intéresse dans la pratique de la poésie, c’est de retrouver une forme de simplicité, de racine de l’écriture poétique : quelque chose qui peut rendre des comptes à la chanson, au mirliton, au populaire, au peuple – vraiment des choses simples. »

 

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« L’écriture de Fournel est une aventure, au sens où elle multiplie les expériences dans la confusion délibérée d’une découverte du réel par les mots et l’étonnement devant l'engendrement du texte par lui-même. (...) Cet ancrage têtu dans l’humain se confond avec l’humour qui caractérise une œuvre foisonnante, quand s’abolissent les frontières entre la liberté et la règle, le sourire et la nostalgie, les dures leçons de l’expérience et les verts paradis de l’enfance. »

Michel P. Schmitt, Encyclopedia Universalis

 

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 « L’expérience du voyage en terrain étranger est l’expérience du dynamisme de la signification chez Fournel. C’est à la fois l’impression d’être éloigné des courants linguistiques qui circulent autour de soi – les soi-disant « fautes d’oreilles » et le sentiment de se trouver à l’extérieur des significations les plus banales ; et l’impression d’être baigné dans la pluralité des significations et de leurs constellations possibles. L’expression phatique de tous les jours devient mystérieuse par le processus de défamiliarisation et se transforme jusqu’au rire. »

Rachel Galvin, « Brassage, bilinguisme, stéréoscopie : les voyages américains de Paul Fournel », in Paul Fournel, liberté sous contrainte, Camille Bloomfield, Alain Romestaing, Alain Schaffner (éds.), Presses de la Sorbonne Nouvelle.

 

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Voyager c’est cirer l’extérieur de la boule 
il n’y a pas de voyage profond
des caresses
rien que des caresses 
dans l’espace violent

Voyager c’est frotter 
méthodiquement la terre 
petit pilon du pied 
meule du pneu
chiffon doux du boyau de soie
de la bicyclette
vibration des grands trains
souffle juste des avions
sur leurs lignes
qui croisent et recroisent
et marquent leurs nœuds de traînées 
de caoutchouc noir
qui ne rebondit pas 
voyager c’est
polir sa boule

 

Toi qui connais du monde • Paul Fournel

20.00€Prix
  • Auteur

    Paul Fournel est écrivain. Il a longtemps été éditeur (chez Ramsay et Seghers entre autres). Il a été Président de la Société des gens de Lettres. Il a dirigé l’Alliance française de San Francisco. Il a été attaché culturel au Caire et à Londres. Il est maintenant écrivain à plein temps et cycliste le reste du jour. Pendant son troisième plein temps, il est Oulipien.

    Aux éditions les Venterniers, il a également participé aux souvenirs de La Disparition avec l'Oulipo. 

    Parmi ses ouvrages publiés entre autres chez Gallimard, POL et au Seuil, des romans (Attends voir, Jeune Vieille, Faire Guignol, Un homme regarde une femme, La Liseuse), des nouvelles (Les petites filles respirent le même air que nous, Les grosses rêveuses, Les athlètes dans leurs têtes), du théâtre, des essais (Besoin de vélo) et de la poésie (Le Bel Appétit, Les Animaux d’amour, Térines d’Amérique, Trucs de vieux).

  • Caractéristiques techniques

    • illustration de couverture : Romain van de Louw
    • genre : poésie 
    • date de parution : 17 mars 2022
    • nombre de pages : 144 pages
    • format : 14 x 19 cm
    • isbn : 979 10 92752 74 8
    • prix de vente : 20 euros
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