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"À l’été 1940, alors que la France connaît une défaite historique et que l’Allemagne nazie affiche ses drapeaux un peu partout en Europe, l’une des premières lois du régime de Vichy est tout simplement l’interdiction du… pastis !

Le maréchal pensait certainement qu’interdire l’apéro était le meilleur moyen de redresser la France, et vite. La vraie France, c’est celle qui travaille, qui élève des enfants, qui embrasse le drapeau. Pas celle qui trinque au ratafia.

Et bien non.

 

Sans faire des bringueurs des résistants, l’interdiction de l’apéro veut rompre les liens qui se tissent entre les personnes durant une soirée. Si les bringueurs sont politiques, voire révolutionnaires, c’est peut-être dans la mutualisation de leur joie de vivre, dans la mise en commun de leur force pour affronter toute la violence du dehors.

 

Les gens qui bringuent sont nés de cette idée : réincarner un lien social menacé par les deux ans que nous venons de traverser. Les bars ont fermé, les terrasses, les restaurants, les regroupements ont tous peu à peu été interdits. Il n’est pas utile de savoir ici qui a raison, ni ce qui aurait dû être fait. Mais de constater ce qu’il s’est passé : nous avons bringué dehors, nous avons bringué par écrans interposés, nous avons bringué clandestinement. Comme si, la bringue, ne pouvait être arrêtée. Faut-il en conclure que nous nous sommes tournés vers l’alcool par désespoir ? Non, je n’y crois pas. La bringue n’a pas besoin de l’alcool, elle a seulement besoin de la présence de l’autre.

 

Quand j’ai demandé à Loan Nguyen Thanh Lan si elle voulait bringuer avec moi, c’est parce que je sentais que son regard, ses couleurs, permettrait de capter toutes les générations. À force de découvrir les dessins de Loan, il devenait clair que la bringue était pour moi le moyen de rattraper l’enfant que j’étais. Ce sont ces « deux petits vieux » sous la boule à facette, mais aussi cette petite fille qui ne calcule pas, pointe du doigt, valse, saute, à devenir un 33 tonnes encombrant dans une pièce.

Cet enfant, c’est l’avenir, la promesse que la bringue durera longtemps, tant qu’il y aura encore des gens prêts à chanter La Javanaise ou Dès que le vent soufflera. La bringue, c’est un temps suspendu, presqu’éternel parfois. C’est le quotidien qui passe sa route pour vous laisser profiter de la présence des êtres chers.

 

Les gens qui bringuent sont rires, sourires, bruits de verre qui s’entrechoquent. Mais quand la bringue s’arrête, la réalité frappe. C’est là toute leur pudeur. Ils rentrent chez eux, se couchent, ou font une toilette de chat avant de partir au travail. Mais les gens qui bringuent se cachent toujours pour pleurer."

 

François Bétremieux

 

Les gens qui bringuent • François Bétremieux • Loan Nguyen Thanh Lan

14.00€Prix
  • Auteurs

    François Bétremieux est né dans le Nord de la France en 1991. Depuis 2014, il parcourt les librairies pour défendre les textes auxquels il croit, tout en menant ses propres expériences littéraires. Il est l’auteur d’Avec les lucioles on peut faire des couilles (10 pages au carré). Aux éditions les Venterniers, il a également publié, sous le nom de Bartholomé, Mais qu’est-ce qu’ils ont branlé avec les nuages ? et Un amant murmure.  

    Loan Nguyen Thanh Lan est graphiste et illustratrice indépendante. Diplômée de l’École Estienne en illustration scientifique, elle travaille à la fois avec des professionnels du monde des sciences, des agences de communication et des maisons d'éditions. Touche à tout, elle développe également une pratique d’illustration plus personnelle qui s’inspire surtout de la vie quotidienne. Dans les gens qui bringuent, elle explore cette facette de son travail.
    https://loan-ntl.com/

  • Caractéristiques techniques

    • collection : "les gens"
    • genre : poésie en mots et en dessins
    • date de parution : 1er novembre 2021
    • nombre de pages : 32 pages
    • format : 12,5 x 10,5 cm
    • isbn : 979 10 92752 694
    • prix de vente : 14 euros
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