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"Un soir, tandis que je dînais avec un ami dans un restaurant qu’une fréquentation très assidue interdit de qualifier trop platement d’habituel, j’ai pu connaître un de ces instants éclatants qui remettent l’existence à sa place : un de ces rares et le plus souvent furtifs rappels de ce qu’est la vie sitôt qu’elle est exposée au rayonnement des êtres et des choses, et ainsi à elle-même restituée. Il me faut à présent rédiger l’épopée d’un tel trait de foudre dans la gravière des jours."

 

  • Note de lecture par Christian Travaux, sur Poezibao :

Quelle langue pour dire l’amour ? Quels mots pour l’aimé(e), sinon ceux qui, tremblants, posent, sur la voix, un peu de l’émotion des êtres, et des fleurs, et du paysage, face à l’aube, au soleil levant ? L’amour. Non. Plutôt la passion foudroyante, le saisissement hors de soi, lorsque l’on rencontre, soudain, quelqu’un dont on s’éprend, et dont la seule vue nous arrête, nous transporte et nous éblouit. C’est à cela que se risque ici Barbarant, dans un petit livre singulier au titre espagnol : De Olvidarte nunca (suite pour André). Il y dit, en très peu de textes, l’amour, la rencontre et sa gloire lumineuse, incandescente. Et puis, la tristesse, et la perte. Et la perte.
Et le désespoir.
18 textes. 62 pages. Un ouvrage au format carré, qui s’entrouvre comme un chéquier portefeuille ou comme une boîte, relié, façonné à la main pour garder trace, dans un écrin, d’un amour, d’une passion folle pour un homme, jusqu’à son terme. (...)

 

  • "Devenir Barbarant" par Nicolas Dutent, dans la revue Esprit :

(...) Barbarant boit la vie, à moins qu’il ne la dévore, avec la soif affolée de ceux dont le destin fut deux fois marqué au fer, par la ferveur et par la condamnation. Une vie sans ce son né de la rencontre entre deux corps, deux êtres, deux sensibilités, quitte à ce que la musique se brise, ne mérite pas d’être vécue : « Ce qui seul a le droit de s’appeler miracle : deux vies d’un seul coup nues l’une devant l’autre, et s’accueillant. » Vivre ne va pas sans ce vertige, cette réplique, une véritable supplique qui sue jusque dans De olvidarte nunca, où l'ode combat l'absence, martyr livré dans un écrin, tant les vers y sont assortis au vase qui les contient."

(...) « Que faire de ce feu pour rien au creux de nos mains ? », s’étrangle Barbarant dans ses louanges martyrisées d’un certain André, dont le visage est un paysage patiemment arpenté, il déteint sur tout, éteint le reste, divisant le monde « comme l’encre le papier ». « Mais il a fallu que ce feu, ajoute-t-il, / Voulant survivre obstinément / Trouve à sa flamme un aliment / Il ne restait plus que moi-même. » Voilà une vie passée à se blottir contre des riens renversants, à faire mentir la médiocrité, à glorifier l’immensité de l’infime (...)

 

 

À découvrir aussi : à propos d'Olivier Barbarant

 

De olvidarte nunca • Olivier Barbarant

22.00€Prix

Olivier Barbarant, né en 1966, est "l'un des plus jeunes poètes à avoir été autant célébré" (Anne Segal, Télérama). Nombre de ses recueils sont publiés aux éditions Champ Vallon dont Odes dérisoires. Et quelques autres un peu moins (Prix Tristan-Tzara), Essais de voix malgré le vent (Prix Mallarmé), Un grand instant (Prix Apollinaire). Séculaires vient de paraître chez Gallimard. 

Spécialiste d’Aragon dont il a dirigé l’édition des œuvres poétiques pour la Pléiade, il a consacré plusieurs ouvrages à son oeuvre dont Aurélien, Paris / Poésie aux éditions les Venterniers. 

Il est aussi essayiste et critique littéraire, notamment pour la revue Europe, où il tient la chronique de poésie, et par ailleurs, enseignant, inspecteur général de l'éducation nationale, doyen du groupe Lettres. 

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