Voilà un paradoxe, pensera-t-on, l’idée de déracinement douloureux
pour un peuple nomade. Cependant ces visages de la route, reliés à leur tradition ancestrale, trouvent leurs racines dans un déplacement libre et incessant ; toujours sur le départ et éminemment présents. Or, tout concourt ici à les faire rompre avec eux-mêmes et la perte semble irrémédiable.
S’il faut un point de rupture, d’accord, tu prends les devants. Mais
tu cherches l’alternative : aux mécanismes sociaux, politiques, médiatiques, tu préfèreras le chemin poétique, c’est-à-dire spirituel. C’est dans cette opposition - rejoindre ceux qu’on veut me voir fuir - que tu accueilles en toi un jour nouveau. « Quelque chose passe, souffle, crie. » La poésie vient mettre à jour et dépasser toutes les contradictions ; dans la poésie se produit l’impensable. « Elle foule mon récit et se tord comme une tige / je t’attendais petite / elle m’ouvre en grand la porte […] son territoire est intuitif. »
Si Gypsy blues est empathique - et, c’est évident, mélancolique -, c’est surtout sur notre propre déperdition qu’il nous alerte, sur l’air nauséabond qu’on accepte de respirer, sur le goût de la liberté perdu.
La poésie s'y confronte et remet au centre « l’instant qui creuse », « l’étincelle […] à l’horizon », « l’ailleurs à portée ».
La couverture de ce livre est créée et réalisée, avec inspiration, talent
et enthousiasme, par Thadé.
Gypsy blues • Caroline Cranskens
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Caractéristiques techniques
Caroline Cranskens